Extrait du bulletin mensuel n°1 de Janvier 1900,
pages 18 à 22
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L'ordre du jour portait : Changement de local ; Projet de construction.
M. PAUL MARTIN explique que le bail du local dans lequel la Société a établi son
siège social expire le 1er octobre 1901 et ne pourra pas être renouvelé. Le
Conseil d'Administration, préoccupé de cette grave question qui intéresse au
plus haut point l'association, a nommé une Commission qui a examiné le projet de
construction d'un hôtel de la Société d'agriculture assez vaste, non seulement
pour y réunir tous ses membres, y installer ses archives et son musée, mais
aussi pour donner place à une fédération des caisses et syndicats agricoles.
M. Paul Martin fait connaître que la Commission qui l'a chargé des fonctions de
rapporteur, a pensé que la municipalité de Nice, dont la sollicitude pour la
Société centrale d'agriculture s'est affirmée dans toutes les occasions où son
appui était nécessaire, voudrait bien autoriser la Société à construire sur un
terrain appartenant à la ville, mais qu'après de nombreuses recherches, elle n'a
trouvé qu'un seul emplacement vacant, le square de Magnan. Un projet a été
dressé à cet effet projet qui sera soumis à une Commission technique, si la
Société l'adopte. M. Martin donne ensuite lecture de son rapport et du devis des
dépenses approximatives qu'entraînera la construction à édifier.
Le rapport de M. P. Martin est ainsi conçu :
Rapport de M. Paul Martin, ingénieur, sur la construction d'un hôtel de la
Société centrale d'agriculture de Nice.
MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES,
En vertu d'un bail en date du 23 juin 1892, votre Société est locataire des
locaux qu'elle occupe actuellement ; cette location lui a été consentie
moyennant
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le prix annuel de 800 francs et pour une période de 3, 6 et 9 années à compter
du 1er octobre 1892 ; cette location expire donc le 30 septembre 1901.
D'autre part, le propriétaire de l'immeuble a fait connaître à votre trésorier
que la Société devait définitivement renoncer à renouveler le bail, la totalité
de l'immeuble étant déjà louée à un principal locataire qui compte lui donner
une destination spéciale.
Votre Conseil avait donc le devoir de se préoccuper de trouver un nouveau local
pour votre Société.
Le taux actuel des loyers en ville ne permet pas d'espérer qu'il sera possible
de trouver aux mêmes conditions de location, un local répondant aux besoins de
votre Société et l'on peut affirmer que pour se loger dans des conditions
équivalentes à celle d'aujourd'hui, votre Société se trouvera dans l'obligation
de payer un loyer supérieur à 2.000 fr. Il en résultera que votre budget de
prévision ne pourra être balancé avec les recettes dont vous disposez qu'en
réduisant les dépenses prévues.
La plupart de celles-ci sont fixes et irréductibles, seules les sommes affectées
aux dépenses occasionnées par les concours et les distributions de récompenses
sont variables et susceptibles de réduction ; mais réduire les concours,
diminuer le nombre ou l'importance des récompenses distribuées annuellement,
serait entraver la marche du progrès agricole et horticole, ce serait aller à
l'encontre du but que vous poursuivez et méconnaître les prescriptions
auxquelles M. le Ministre de l'Agriculture subordonne la subvention annuelle
qu'il veut bien faire allouer à votre Société.
D'autre part quel que soit le local qui serait choisi, la durée de la location
étant limitée, votre installation ne pourra être que temporaire et à
l'expiration du nouveau bail les administrateurs se trouveront aux prises avec
des difficultés semblables à celles que nous rencontrons aujourd'hui.
C'est pourquoi votre Conseil d'administration préoccupé de la question, s'est
demandé s'il ne serait pas possible de résoudre pour toujours ces difficultés,
en
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assurant, à votre Société une installation définitive, et, après examen des
moyens de parvenir à ce résultat a été d'avis que la solution désirée serait
obtenue par la construction d'un hôtel de la Société.
Mais avant d'étudier en détail les moyens pratiques de réaliser ce projet, le
Conseil a tenu à soumettre à l'Assemblée générale l'approbation du principe même
de la construction d'un hôtel de la Société, car ce n'est qu'encouragé par votre
vote favorable qu'il pourra poursuivre utilement ses études et ses négociations.
Votre Conseil s'est tout d'abord préoccupé de trouver un local favorable et, en
raison du prix élevé des terrains à bâtir et de l'état de votre fonds social, a
cherché le moyen d'éviter à la Société l'acquisition onéreuse du terrain
nécessaire.
Il a pensé que la place importante que la Société a su se créer à Nice,
l'autorisait à demander à la municipalité la concession d'un terrain appartenant
à la ville de Nice et qu'il suffirait pour l'obtenir de signaler à
l'administration municipale et au Conseil municipal les services que la Société
rend au département et tout particulièrement a la ville de Nice, grâce au succès
de ses expositions florales qui, périodiquement, viennent si brillamment
clôturer les fêtes locales.
Votre Conseil après avoir examiné les divers emplacements dont elle pouvait
solliciter la concession a fixé son choix sur le square Magnan, à l'extrémité de
la Promenade des Anglais. Ce n'est qu'après avoir reconnu les difficultés
qu'auraient soulevées la demande de concession des autres terrains disponibles
que votre Conseil a fait ce choix.
On peut, à priori, reprocher à cet emplacement, son éloignement du centre, mais
pour les sociétaires qui n'habitent pas Nice cet inconvénient est minime, et
pour les sociétaires résidant à Nice, il faut reconnaître que la généralité des
horticulteurs ont leurs établissements dans la banlieue ouest de la ville et
qu'ils sont actuellement aussi éloignés du siège social de la
Société, que le sont du square Magnan, leurs collègues de Cimiez, de Saint-Pons
et de Saint-Roch.
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D'autre part, les nouveaux tramways électriques qui vont bientôt desservir tous
les quartiers, faciliteront, dans une large mesure, les communications entre les
divers quartiers de la ville.
M. A. Mari, votre dévoué président, a fait connaître à M. le Maire de Nice les
projets de votre Conseil d'administration et son intention de demander la
concession de l'emplacement du square Magnan et M. le Maire, toujours soucieux
de donner satisfaction aux demandes légitimes de ses administrés, a bien voulu
donner à votre Président la promesse formelle qu'il userait de toute son
influence sur le Conseil pour vous faciliter l'obtention de cette concession.
D'autre part, MM. les membres du Conseil municipal, connaissent l'utilité de
votre Société et ils sauront le reconnaître par un vote favorable.
Nous comptons que l'autorisation préfectorale ne nous fera pas défaut, car nous
savons combien M. le Préfet des Alpes-Maritimes, président d'honneur de votre
Société, s'intéresse à sa prospérité.
De plus, M. le Préfet, dans des circonstances diverses, a manifesté publiquement
la sympathie que lui avait inspiré la population niçoise, et le désir qu'il
avait de faire au long séjour parmi elle ; cette déclaration entendue et retenue
par tous ceux qui ont à cœur l'avenir de leur pays, nous encouragera à demander
a M. le Préfet, non seulement son puissant appui, mais aussi le précieux
concours de ses conseils éclairés.
RESOLUT10NS
En conséquence, le Conseil vous prie de vouloir bien prendre les résolutions
suivantes :
1° L'Assemblée générale de la Société centrale d'agriculture, d'horticulture et
d'acclimatation de Nice et des Alpes-Maritimes, régulièrement convoquée
conformément aux statuts :
Approuve en principe le projet de construction d'un hôtel de la Société ;
Décide que la Commission technique composée de :
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MM. Edouard Boyé, vice-président de la Société, président ; Gabriel Bérard,
ingénieur de la ville Antoine Vial président du Tribunal de Commerce ; Victor de
Cessole, trésorier de la Société ; Louis Belle, professeur départemental
d'agriculture ; Albert Bérenger, architecte ; S. M. Biasini, architecte ;
Séraphin Goiran. architecte ; Pierre Blancon, entrepreneur, Conseiller municipal
; Nicolas Mayer, ingénieur ; Paul Martin, ingénieur ; désignée par le Conseil
d'administration pour l'étude de l'avant-projet, reste chargée de dresser le
projet définitif.
2° Donne pouvoir au Conseil d'arrêter avec la municipalité les conditions de la
concession désirée, de fixer la dépense à faire pour réaliser le projet,
d'engager pour son exécution les fonds de la réserve jusqu'à concurrence des
4/5è du montant de ces fonds et en cas d'insuffisance emprunter la somme
complémentaire nécessaire par l'émission d'un certain nombre d'obligations et de
fixer les conditions de cette émission.
Le Rapporteur,
PAUL MARTIN, Ingénieur.
Le rapport de M. Paul Martin est longuement applaudi par l'Assemblée générale
des membres de la Société centrale d'agriculture qui, par un vote unanime, en
adoptent les conclusions.